De l'écrit à l'écran, le nouveau cycle du Ciné-Club de l'Uzège, janvier/juin 2025
Demandez le programme !
Le Ciné-Club de l'Uzège propose pour ces prochains mois un thème qui devrait ravir amoureux des belles lettres et de cinéma : « De l'écrit à l'écran ».
10 février 2025 : LES RAISINS DE LA COLERE’ (The Grapes of Wrath, 1940)
Un film de John Ford (1894/1973) avec Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine (129 mn). D’après le roman The Grapes of Wrath de John Steinbeck (1902/1968), publié en 1939.
17 mars 2025 : LE PROCES (1962)
Film d’Orson Welles (1915/1985),. Avec Anthony Perkins, Orson Welles, Romy Schneider, Jeanne Moreau, Elsa Martinelli (120 mn). D’après le roman Le Procès (Der Prozess) de Franz Kafka (1883/)1924), publié en 1926.
28 avril 2025 : TRUMAN CAPOTE (2005)
Film de Bennett Miller (1966). Avec Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener, Clifton Collins Jr., Amy Ryan, Chris Cooper (114 mn). D’après le roman In Cold Blood (De Sang Froid) de Truman Capote (1924/1984), publié en 1966.
12 mai 2025 : LA PASSANTE DU SANS-SOUCI (1982)
Film de Jacques Rouffio (1928/2016). Avec Romy Schneider, Michel Piccoli, Gérard Klein (110 mn). D’après le roman La Passante du Sans-Souci de Joseph Kessel (1898/1979), publié en 1936.
16 juin 2025 : OUT OF AFRICA (1985)
Film der Sydney Pollack (1934/2008). Avec Robert Redford, Meryl Streep, Klaus Maria Brandauer (161 mn). D’après le roman La Ferme Africaine (Out of Africa) de Karen Blixen (1885-1962), publié en 1937.
Pour en savoir plus sur la thématique du Ciné-Club de l’Uzège de Février à Juin 2025.« De l’écrit à l’écran » :
Vous connaissez sûrement l'histoire des deux chèvres qui sont en train de manger les bobines d'un film adapté d'un best-seller. Et une chèvre dit à l'autre : « Moi je préfère le livre» (Hitchcock à propos de l'adaptation de Rebecca, Le cinéma selon Hitchcock, p. 144).
Comment aborder un thème aussi riche et aussi large, lorsque nous nous apercevons qu’une grande partie du cinéma a cherché dans la littérature son inspiration ? Il n’y a pas beaucoup de grands écrivains du 20e s qui, à la sortie d’un livre superbe rencontrant le succès, n’a pas aussitôt été contacté par un cinéaste qui voulait en acquérir les droits ! Mais lorsqu’on a aimé un livre, comment apprécier le film qui s’en inspire ? L’homme tient à ses souvenirs et ce que nous avons aimé en premier restera notre préférence.
Ainsi la transposition d’un livre au cinéma est-elle problématique. « Le but de tout art (s’il n’est pas « consommé » comme une marchandise) est de donner un éclairage, pour soi-même et pour le autres, sur le sens de l’existence, d’expliquer aux hommes la raison de leur présence sur cette planète, ou, sinon d’expliquer, du moins d’en poser la question » (Andreï Tarkovski).
Le film doit donner un AUTRE éclairage que le livre dont il s’inspire et pour cela utiliser les ressources qui en font un art spécifique. Je cite encore Andreï Tarkovski : «Il s’agit de ne pas éviter la complexité (du problème), de ne pas réduire les choses à un aspect trop primaire. La mise en scène au cinéma doit cesser de simplement illustrer l’idée. Elle doit respecter la vie, le caractère des personnages, leur état psychologique. Voilà pourquoi on ne peut réduire l’évolution des acteurs dans l’espace à une simple visualisation du dialogue ou de l’action. La mise en scène du cinéma doit nous bouleverser par sa véracité, sa beauté, sa profondeur et non simplement véhiculer du sens. Et ici comme ailleurs une explication trop appuyée de l’idée limite l’imagination du spectateur, en créant un point de vue qui en réduit la profondeur ».
Ainsi, le film n’explique pas le livre ; il ne se substitue pas à l’écrit et ne le remplace pas non plus ! Il doit venir ajouter quelque chose d’autre. Simon Leys définissait un « Classique » comme une œuvre qui s’enrichit des lectures successives qui en sont faites. Il prenait l’exemple du Don Quichotte de Miguel de
Cervantès, œuvre qui résiste à toute interprétation définitive et qui au fil du temps révèle une complexité insoupçonnée, toujours mieux éclairée par la finesse des commentaires des générations qui l’ont lu avec discernement.
Ce que nous voulons explorer dans cette nouvelle thématique est la façon dont le cinéma se SAISIT d’une œuvre écrite. En résumé, il y a un lien qui s’établit entre le livre et le film : D’une part, l’œuvre écrite exprime la pensée des personnages et oblige le lecteur à imaginer et à voir ce qui est raconté ; d’autre part, et à l’inverse, l’œuvre cinématographique donne à voir, montre et illustre par sa mise en scène un récit, mais oblige le spectateur à imaginer ce que pensent les acteurs.
L’œuvre écrite et l’œuvre cinématographique se retrouvent en miroir l’une de l’autre, et doivent s’éclairer mutuellement. La rencontre entre ces deux projets artistiques doit être riche et féconde et source d’intérêt pour les spectateurs ET les lecteurs que nous sommes ; notre recherche de films s’est orientée dans cette direction, sans chercher à approfondir si le film respecte scrupuleusement le livre.