Les masques ethniques de Sylvaine Delivré
- Par nbesse
- Le 01/05/2022
- Dans Art de Vivre
Depuis maintenant plus de 25 ans, Sylvaine Delivré se consacre à la création : bijoux, sacs très années 30, mais aussi masques ethniques.
Brodeuse de perles émérite, Sylvaine Delivré expose quelques-uns de ses modèles à la Maison des Artisans d’Art d’Uzès depuis le début du mois d’avril.
D’inspiration surtout africaine , ces masques, qui diffusent comme une aura de mystère, nécessitent chacun au moins 80 h de travail.
La technique de la « broderie de Lunéville », que Sylvaine a apprise « auprès du célèbre brodeur François Lesage », lui permet de créer des masques tout en subtilité.
Grand brodeur français ayant travaillé pour Chanel, François Lesage est devenu une référence mondiale dans cet art.
Il aimait à dire que « Broder… c’est créer avec discipline, suggérer tout en ayant l’air de suivre,
avoir une imagination divinatrice, mais sage. Ce n’est point tout à fait un art, mais c’est plus qu’un artisanat… »*
Le souci du détail, l’agencement des différentes perles, tout reflète l’attention et le savoir-faire de l’artiste, membre des Ateliers d’Art de France depuis 1999.
A savoir : Les « Ateliers d'Art de France fédèrent plus de 6 000 artisans d’art, artistes et manufactures d'art à travers l'hexagone » (ateliersdart.com).
Découverte
Bonjour Sylvaine,
Et merci de participer à la rubrique Art de Vivre d'UzEssentiel.com,
Votre désir de travailler des matériaux tels que le métal, les perles, fait-il suite à une volonté personnelle d’inventer des objets uniques ou bien faites-vous partie d’une lignée d’artisans ?
Non, je ne viens pas d'une famille d'artisans. Par contre, d'aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu la volonté personnelle de créer des objets uniques.
Après les bijoux et les sacs, vous avez décidé de vous lancer dans la création de masques ethniques. Pourquoi ce choix ?
Ma passion du masque ethnique revient sur l'histoire immémoriale de ces attributs. Des traditions aux rituels secrets, sacrés, le masque se révèle souvent être un lien entre le vivant et le mystique, tout comme mes créations actuelles fédèrent en quelque sorte tout le savoir-faire que j'ai acquis durant ma « longue » vie d’Artisan d’Art et les enseignements reçus.
Ce savoir-faire est comme un creuset, à la fois artistique et culturel
Quelles sont vos sources d’inspiration, avez-vous des modèles ?
Toutes mes créations sont d’inspiration africaine. Je suis fascinée par le fait qu'en Afrique, le masque, qu'il soit en bois, en tissu ou en cuir, crée du relief par rapport au personnage qui le porte, ou donne une approche de sa croyance peut-être même...Le choix des matériaux que j'utilise pour chacun des masques qui sort de mon atelier permet aussi à mon inspiration de suivre son cours.
Un masque demande environ 80 h de travail. C’est une pièce unique. Pouvez-vous nous présenter les différentes étapes de sa création ?
En premier lieu, il y a la réalisation du dessin précis du masque, sur de l’organza de soie.
Viennent ensuite le choix des couleurs des perles, des pierres, puis la broderie, qui s'effectue sur le métier à l’aide d’un crochet, au point de Lunéville.
Après, je procède à l'encollage, puis à l'opération délicate du démontage de la pièce brodée, suivis par la préparation de l’ossature métallique, avec recuisson du métal à 1000 °, le montage et le collage de l’ensemble sur du cuir. Je finis par la mise en forme sur un moule.
Quels matériaux utilisez-vous ? Les masques ont-ils par exemple une base métallique, des parties en métal précieux… ? Avez-vous des matériaux de prédilection ?
J'aime travailler les perles de cristal, les pierres dures ou semi-précieuses. J'apprécie aussi beaucoup les motifs cristaux anciens, le métal « demi rouge », un alliage cuivre laiton pour l’ossature.
Quant au cuir, c'est une matière très agréable à manipuler, et idéale pour les masques. Pour finaliser mes créations, j'utilise du fil à gant, une valeur sûre.
Participez-vous à des salons, à des foires artisanales, à des conférences présentant votre métier ? Collaborez-vous avec le milieu de la mode, des maisons de haute couture ?
Je participe à de nombreux salons professionnels depuis, disons,… toujours ! Quant au domaine de la mode, même s'il est très attractif et particulièrement fascinant, je ne souhaite pas en faire partie, souhaitant avant tout préserver ma sacro-sainte indépendance.
A part à La Maison des Artisans d’Art d’Uzès, où peut-on retrouver vos œuvres dans le Gard, en France, voire à l’étranger ?
Mes créations sont exposées de façon permanente à mon atelier, à Clarensac, près de Nîmes. Pour ce qui est de mon planning d’expo, il est encore en cours de préparation... Rendez-vous donc d'ici peu sur mon site pour en savoir plus !
Pour répondre à la citation de votre maître François Lesage, comment définiriez-vous la broderie d’art ?
Pour moi, la broderie d'art est synonyme d'évasion et de magie !
Remerciements à Sylvaine Delivré pour sa collaboration à cet article.
La bonne adresse : Atelier Sylune Créations, 4 impasse des arènes, Clarensac.
Photo travail métier©Syvlaine Delivré. * wikipedia François Lesage