Rencontre avec Véronique Mure, restauratrice et créatrice de jardins
Spécialiste en flore méditerranéenne, la botaniste Véronique Mure défend au quotidien la protection de l’environnement.
Dans son entreprise Botanique Jardins Paysages, Véronique valorise son travail d’experte et de conseil en botanique, « en particulier la botanique méditerranéenne, et ses liens avec les jardins et le paysage que ce soit d’un point de vue naturaliste, historique ou prospectif ».
Portrait
Bonjour Véronique,
Votre parcours de botaniste est particulièrement riche, avec une spécialité en agronomie tropicale.
Pouvez-vous nous en dire plus de cette spécialité ?
Dans la foulée de mon DEA effectué dans le laboratoire de botanique tropicale de Francis Hallé, à l’institut de botanique de Montpellier, j’ai intégré l’ESAT (Ecole Supérieure d’Agronomie Tropicale).
La filaire d’agro-météo offrait un prolongement assez naturel au sujet de mon DEA qui portait sur « la phénologie de quelques arbres fruitiers et ornementaux transplantés hors de leur aire d’origine, notamment d’un hémisphère dans l’autre ».
Une fois mes diplômes en poche, cependant, je n’ai jamais exercé en régions tropicales, me spécialisant dans le domaine méditerranéen.
Vos participations dans les jardins de France sont notables : le sentier d’interprétation du site du Pont du Gard, le sentier botanique – jardins de l’abbaye Saint André à Villeneuve-les-Avignon, ou bien la passionnante étude de la biodiversité à Ivry-sur-Seine… Il y a aussi vos travaux actuels, comme la Renaissance de la forêt incendiée de Générac, un véritable défi. Comment choisissez-vous projets et envisagez-vous votre intervention ?
Je vis les projets auxquels je participe comme autant d’engagements pour que nous retrouvions du lien avec le règne végétal. Pour cela je mets en récit notre rapport aux plantes, mais sans jamais perdre de vue la nécessaire attention à porter au génie végétal pour que les projets soient résilients face aux changements climatiques.
Le jardin des migrations du Mucem à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, ou le projet Renaissance de la forêt incendiée en 2019 à Générac, dans le Gard, sont représentatifs de cela.
Vous réalisez également des expertises botaniques, essayant de concilier, entre autres « environnement et défis écologiques actuels ». En quoi consiste votre intervention ? S’adresse-t-elle tant aux institutions qu’aux particuliers ?
J’accompagne des projets d’aménagement ou de restauration de sites ou de jardins pour des particuliers, mais j’interviens plus souvent pour des collectivités.
Vous oscillez entre travaux en extérieur et parution d’ouvrages sur la botanique, comme l’album Evasion botanique, réflexions sur les jardins et le paysage, sorti en décembre dernier. Vous y présentez vos réalisations, vos impressions sur la nature, vos interrogations. Quelle est votre méthode pour concevoir vos livres ?
Je ne sais pas si on peut vraiment parler de méthode. C’est tout au plus le prolongement de mon travail, mes réflexions, mes engagements. Toujours une mise en récit, avec des mots ou des photos.
Avez-vous d’autres activités, comme des interventions en milieu scolaire, des conférences, etc ?
Oui, j’enseigne la botanique depuis trente ans à l’université du temps libre de Nîmes.
J’enseigne aussi à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage Versailles-Marseille ou encore à l’ESAJ à Paris.
J’interviens souvent, également, auprès d’associations afin d’engager des discussions autour des dynamiques naturelles dans les jardins, de la place des arbres en ville par exemple, sur la question des migrations, des brassages.
Pour citer un proverbe touareg « La différence entre un jardin et un désert, ce n'est pas l'eau, c'est l'homme ». Et c’est bien ce qu’enseigne au quotidien Véronique, en œuvrant pour sauvegarder le lien indéfectible qui unit la nature et à l’humanité, réveillant comme un écho les mots de la philosophe Florence Burgat, directrice de recherche à l’Institut national de recherche agronomique, qui disait lors d’un entretien sur France Culture « contrairement aux animaux qui sont des êtres de chair et de sang qui sont nés et qui vont mourir un jour, les plantes naissent, se perpétuent par la division, se ramifient, disparaissent et resurgissent à partir de leur propre graines séchées... Il y a une sorte d'immortalité potentielle des plantes et d'indifférence à leur propre condition ».
Pour en savoir plus : visitez le site de Véronique Mure, ses livres