Bruno Cadet, sculpteur : au commencement était la Terre
UK - Direction Cabrières pour découvrir l’univers minéral du sculpteur Bruno Cadet.
Entre céramique, acier, terre cuite… les œuvres de l’artiste rappellent les origines de la terre.
RENCONTRE
Converti en artiste à plein temps depuis plus de 15 ans, Bruno Cadet nous accueille au milieu de ses œuvres, dans son atelier.
Si la création et l’artisanat ont toujours fait partie de sa vie, le sculpteur s’initie à l’art de la céramique avec différents stages, appréhendant différentes techniques telles que le raku, les terres mêlées (un savoir-faire originaire du Luberon) et les émaux en Haute-Loire, dans les Cévennes et le Gard.
Inventant sa propre touche artistique, Bruno Cadet utilise céramique, porcelaine, grès, acier… Tout se liant avec puissance pour un résultat troublant, singulier.
Au début, il travaille sur des tôles gravées à la meuleuse, puis des céramiques raku, des bols chawan , des boîtes japonisantes, des bouteilles au dehors brut et à l'intérieur délicatement émaillé
Sont arrivées ensuite la série des planètes, celle des comètes, pardon… des météorites, qui font la part belle à la matière, forte. Les surfaces sont à la fois rugueuses et lisses, laissant entrevoir un filigrane quelque peu rupestre, parfois profond comme une cicatrice, parfois surfant juste sur la surface... Nous ne sommes pas loin des motifs de l'art pariétal de nos lointains ancêtres.
Les couleurs aussi sont là pour rappeler les inspirations du sculpteur et son savant travail des teintures.
Le point quartz, 573°… Le moment où le risque d’explosion de la matière est intense.
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Planètes et comètes portent les noms de réels corps célestes tombés sur terre, comme la météorite La perdida, composée de fer et nickel, découverte en 1965 dans le si justement nommé Campo del Cielo (le champ du ciel), ou bien El Mocoví, dans la province de Chaco, en Argentine.
« L’élaboration se fait petit à petit, au fil du temps, l'œuvre naît sous mes doigts », ajoute Bruno Cadet. Du moule qui forme le berceau de l’œuvre à l’assemblage de ses différentes parties, c’est un ballet qui donne en effet naissance, au fur et à mesure, à l’objet espéré. Sphère, cercle, symboles de l’infini… et base de l’imagination fertile de l’artiste, qui mêle avec dextérité faïence, grès, argile, porcelaine, émail, qui se fondent, fusionnent, s’enchevêtrent pour ne former qu’une seule et même structure.
L’ouverture laissée en fin de parcours sur les météorites rappelle le choc impressionnant auquel furent soumis les vrais astres en touchant le sol terrestre. Pour exemple, la petite météorite El Tonocote de Bruno, comme blessée par deux brèches, comme le sentiment d’une explosion, comme si un fragment errait encore et toujours, sans but…
Combien de temps nécessite la réalisation d’une telle prouesse technique ? « 7 heures pour le biscuit à 950°, puis la deuxième cuisson pour l’émail à 1250°, 1280° suivant l’argile et les émaux » précise Bruno.
Au final, des œuvres comme cette superbe Alcyone, du nom de la fille du titan Atlas et de l'Océanide Pléioné, jouant en virtuose entre la céramique et l’acier ciré qui lui sert de base, Himalia, du nom de la nymphe de l'île grecque de Rhodes, toute de grès émaillé et acier verni ou encore Ganymède, du nom du « satellite naturel de Jupiter, en céramique émaillée »...
Bruno Cadet s’essaie aussi à la culture japonaise avec des bols chawan pour la cérémonie du thé. Grès, jus d’oxyde, engobe, émail transparent, un savant mélange appris auprès de Denis Grazon et retravaillé, personnalisé, comme pour ces boîtes en grés émaillé noir.
Vifs remerciements à Bruno Cadet pour son accueil et sa collaboration à UzEssentiel.com.
La bonne adresse : Retrouvez Bruno Cadet sur Instagram.