Charles Flahault, le botaniste qui redonna vie au Mont Aigoual
Natif du nord de la France, Charles Flahault connaîtra ses lettres de noblesse dans le sud, à Montpellier.
Découverte
Elève brillant, Charles Flahault s’installe à Paris pour parfaire ses connaissances, à l’époque où « Paris est le centre d’une magnifique floraison de savants, de philosophes et d’artistes »*.
Devenu jardinier au Jardin des plantes de Paris après l’obtention de son baccalauréat en 1872, il rejoint en 1874 la Sorbonne et le laboratoire du botaniste Philippe Van Tieghem, originaire de Bailleul comme lui, biologiste et éminent mycologue.
S’orientant vers la biologie végétale, Charles Flahault se diplôme dans ce domaine, passe en 1876 une licence en sciences naturelles et devient préparateur de botanique à la faculté des sciences de Paris.
Suivent ensuite plusieurs missions dans des pays nordiques (Norvège, Suède (photo : voyage à Upsala), Finlande – Laponie), puis un passage en Angleterre. Ces premiers voyages dans les pays scandinaves laisseront à Flahault un souvenir indélébile et « le goût de la géographie botanique ».
La faculté des sciences de Montpellier
En charge de cours à la Faculté de Montpellier dès 1881 (photo Professeur à l' Université de la Faculté de Botanique des Sciences de Montpellier), il est titularisé professeur en 1883 et « se distingue par des cours très illustrés et une pédagogie active » et de « multiples sorties avec ses étudiants », comme ces « excursions botaniques à l'Aigoual, qui prennent trois jours entiers ». Ses nombreux travaux de recherche l’entraînent toujours plus loin, comme cette aventure herboriste dans l’ouest algérien, où « toujours équipé de son nécessaire de peinture, Charles Flahault reporte en couleurs sur les cartes d'état-major les différents types de végétation rencontrés » **, un héritage conséquent pour la postérité.
A savoir : « Influencé par les travaux d’Alexander von Humboldt et d’Ernst Haeckel, il introduit l’écologie en France à la fin du 19e siècle. Le premier certificat supérieur d’écologie (3e cycle) ne sera créé qu’en 1964 à Montpellier » **
Institut de botanique de Montpellier
Fondateur en 1890 de l’Institut de botanique de Montpellier, il continue ses études au travers de nouvelles missions en terres du nord, comme au Danemark en 1890 mais aussi, plus proche de nous et jusqu’en 1893, les Pyrénées espagnoles, la Belgique, la Hollande.
A savoir : Dès les années 1880, la IIIe République entreprend une profonde réforme des universités françaises et crée des instituts réunissant les chercheurs et enseignants ayant affaire à une même discipline. À Montpellier, Flahault est missionné pour créer cinq instituts prévus dans cette ville (botanique, chimie, géologie, physique, zoologie) **.
A l’initiative de son gendre Louis Emberger, l’institut créé par Flahault sera remplacé par des installations plus modernes
Vice-président du premier congrès international de botanique organisé à Paris en 1900, « président des débats du congrès de Vienne en 1905, au cours duquel ont été rédigées les Règles internationales de Nomenclature botanique » **, il retourne dans les Pyrénées espagnoles, les préalpes de Provence*, visite le Tyrol, la Bavière et les Baléares… et finit son itinérance en Ligurie en 1908, en Allemagne, au Danemark en 1913, et dans les Alpes vaudoises, en 14.
« L’œuvre de Flahault a accompli une véritable rénovation de la botanique » *
Toujours en quête de savoirs, tour à tour algologue – « disciple du grand algologue Édouard Bornet » ** (à noter ses différents séjours dans plusieurs régions maritimes*), mycologue, phytogéographe – aimant à toujours étudier les plantes dans leur milieu naturel*, il participe à la création de « l’Association internationale des botanistes, dont il devient le principal rédacteur de la revue française » *.
« La sollicitude qu’un peuple témoigne à ses forêts marque le degré de sa culture intellectuelle et de son éducation morale » Charles Flahault
Souhaitant la préservation des espaces sauvages, le reboisement est l’objet de ses préoccupations.
Il participe ainsi activement au projet visant à redonner vie à la garrigue, mais aussi au Mont Aigoual, un massif surexploité pendant des générations.
A savoir : « L'Aigoual est une montagne chauve. Les gros orages d’automne (épisodes cévenols) ravinent le sol nu, et des torrents de boue provoquent des inondations de plus en plus catastrophiques dans les vallées, notamment à Valleraugue dans la vallée de l'Hérault (1812, 1847, 1858, 1861, 1868), tandis que sur le versant océanique, les matériaux arrachés aux Cévennes ensablent le port de Bordeaux » **.
La déforestation l’ayant laissé en proie à l’érosion, Charles Flahault décide de créer, au côté de son ami forestier Georges Fabre, des pépinières, mais aussi des arboretums, destinés « à étudier le comportement des espèces dans différentes conditions écologiques ».
10 arboretums voient le jour entre 1885 et 1903
Le travail des deux hommes, véritable « trait d’union entre le monde botanique et le monde forestier qui s’ignoraient » *, redonne vie au Mont Aigoual, indubitablement un « pari fou de faire pousser des arbres où Dieu lui-même semble avoir échoué » selon Charles Flahault **.
Visite
Parmi les 10 arboretums du Mont Aigoual, vous pouvez visiter en particulier celui de l’Hort de Dieu (photo : Hort de Dieu).
« Le sentier s’inscrit dans un réseau de parcours forestiers et de sites permettant de découvrir la forêt et le massif de l’Aigoual » ***
Au départ de l’Observatoire du Mont Aigoual, le sentier d’interprétation de l’Arboretum de l’Hort de Dieu s’étend sur presque 5 kms et un dénivelé de 285 m pour quelque 3 h 30 de marche. Vous pouvez aussi le retrouver à partir du parking de l’Arboretum. Votre balade sera alors écourtée, le sentier ne s’étendant plus que de 3 kms en pleine nature, et le dénivelé, plus léger, de seulement 110 m.
Remerciements à Marie-France Flahault, présidente de l'association Présence de Charles Flahault, pour sa collaboration à cet article et la documentation transmise.
Plus d’informations : Le documentaire de Marc Khanne, « Aigoual, la forêt retrouvée » (Artis, Télé Miroir, Les écologistes de l’Euzière, 2007)
Sources : * Discours d’Alexandre Guilliermond (prononcé à l’occasion de l’inauguration du monument élevé à la mémoire de Charles Flahault), ** Livret Flahault, grandeur nature, *** le site Sud-Cévennes), wikipedia.