Paul Meznage, les couleurs de la vie

La Galerie de l’Uzège expose régulièrement Paul Meznage, un peintre fidèle à ce lieu confidentiel.

La rédaction a souhaité partir en votre compagnie sur les routes imaginaires et pétillantes de l’artiste, tout en élans de couleurs et de paysages qui vous entraînent dans un univers chamarré très personnel.

 

la baleine©paul meznageRENCONTRE

 

Bonjour,

Ravie de vous accueillir dans la galerie de portraits du blog.

Tout d’abord, petite présentation. Depuis quand peignez-vous ?

Je me suis mis à la peinture avec un ami vers 14 ou 15 ans, pour essayer une palette de couleurs. Puis, au fur et mesure, moi qui me voyais brûler les planches des festivals comme comédien, pris au jeu du pinceau, je me suis lancé à fond perdu dans la peinture.

 

 

Quelle a été votre formation, vos influences ?

Je suis totalement autodidacte. Le fait de côtoyer des artistes, d’étudier leurs tableaux m’a fortement inspiré.

Depuis quand exposez-vous ?

Je suis présent dans les galeries depuis 1988. Ma première exposition a d’ailleurs eu lieu à la galerie du Portalet, à Uzès. Auparavant, je vendais mes toiles de ci de là, sans vraiment me poser. Le tournant des années 90 a été vraiment décisif. 

Mon travail a intéressé des galeries à Lyon, Albi, Marseille. Puis des galeries en Espagne, au Portugal et en Suisse.

Les « marchés parallèles » ont aussi été très intéressants. Des collectionneurs suisses auxquels j’avais vendu des toiles en parlaient à des galeries et les expositions s’invitaient alors dans mon agenda.

 

paul meznage

Les teintes colorées ont-elles toujours fait partie de vos peintures. Le bleu, le jaune et le vert sont régulièrement utilisés dans vos tableaux, tout comme le bordeaux…

Quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup les panneaux Shell, le jaune et le vert, un contraste extraordinaire. Je vois la vie en couleur, je perçois les nuances de chaque chose. En me promenant à pied, en voiture, ce sont toujours les couleurs que je perçois avant même de voir les paysages…

 

Picasso affirmait qu’il ne peignait pas ce qu’il voyait, mais ce qu’il pensait. Est-ce le cas pour vous ?

Je peins selon mes envies, les moments, les sensations que j’éprouve à ce moment-là. Je ne peins jamais dans la continuité… Un quart d’heure, un matin, je m’attèle à une autre activité avant de revenir vers ma toile. C’est comme cela que j’envisage la peinture, une touche de couleur, un coup de pinceau et tout le loisir de m’y attacher quand l’inspiration me vient, quand l’émotion m’étreint.

Comme Picasso, j’ai en effet besoin d’avoir une certaine vision, des flashs parfois. L’œil s’habituant à l’œuvre quand on la peint à longueur de journée, il faut apprendre à s’en détacher pour pouvoir créer et comme je ne suis pas un bon dessinateur, ce processus m’est fort utile pour faire naître mon œuvre, donner vie à mon projet. Parfois je suis même étonné de ce que je peins. Mes tableaux prennent en quelque sorte leur indépendance.

 

paul meznage

Quel est, quels sont, votre/vos thèmes favoris ? Nous remarquons en effet que vous appréciez la nature…

J’aime beaucoup la nature, c’est vrai que ce thème revient régulièrement. Il y a la girafe, le guépard aussi… Mais j’affectionne cependant de glisser dans le décor un élément anachronique, comme un bateau (un rappel de ma passion de la mer et des voiliers transmise par mon grand-père), voire une locomotive.

Comment définiriez-vous votre style ?

Question bien difficile, car je change de style, je pense, tous les six ou sept ans. Un processus qui se fait naturellement.

Je dirais que je fais des enfantillages. Ma peinture n’est pas naïve. Elle s’inspire plutôt des dessins des plus jeunes, autour de 4 ou 5 ans. J’essaie d’imaginer comme une allégorie qui s’approche le plus possible de leur conception bien particulière de l’espace, en tentant de conserver leur spontanéité tout en restant, disons, très professionnel.

 

Auguste Renoir disait qu’un dessin ne lui prenait que cinq minutes mais qu’il avait mis soixante ans pour y arriver. Est-ce également le cas pour vous ?

Le travail préliminaire, la recherche, la réflexion sont-ils bien plus longs que la création elle-même ?

Oui, c’est très certainement le cas pour mes tableaux. J’ai d’ailleurs fait mienne la citation d’Alphonse Allais qui affirmait «  Tout est dans tout », à moins que ce ne soit celle d'Alfred Capus... dans le sens où tout est lié, au final. Le travail est primordial, c’est un fait, mais chaque artiste est au service de son art.

C’est un peu le principe des réalisations uniques du facteur Cheval, qui ne comptait jamais ses heures. Je commence une toile et, au fur et à mesure, je la complète sans avoir au début une conception bien précise du rendu final.

Les couleurs aussi arrivent au fur et à mesure, et complètent la perception que j’ai de mon tableau. Elles lui donnent vie à leur manière si particulière.

Tout bien considéré, c’est comme si je vivais une histoire différente à chaque fois. « La couverture du livre que je n’ai jamais écrit » était le titre d’une de mes expositions, un titre qui témoigne de ma perception de l’art. Mes tableaux sont comme un livre ouvert…

 

Remerciements à Paul Meznage, pour sa collaboration à cet article et pour les visuels transmis.

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