Au cœur de la cathédrale Saint-Théodorit
Au fil des siècles, la cathédrale n’a eu de cesse d’évoluer, de se transformer. De sa célèbre tour Fénestrelle, son clocher du 11e s, seule tour romane circulaire de France, et « principal vestige de la cathédrale de la même époque, un angle du mur du 17e s », jusqu’à la façade actuelle, datant de 1873 qui dissimule l’ancienne, Saint-Théodorit est un mélange de styles et d’influence.
Quant au palais épiscopal, adossé à la cathédrale, il date du 18e. Après avoir accueilli la gendarmerie d'Uzès et le tribunal civil, il est à présent occupé par le tribunal d'instance et le musée Georges Borias.
Retour sur les grandes lignes de l'histoire de la cathédrale Saint-Théodorit
La cathédrale, élevée dès 1090 sur « l’emplacement d’un temple romain », est alors influencée par le style de Cluny. « Partiellement démolie à l’époque de la guerre des Albigeois ou Cathares, en 1177, puis en 1563, tout comme le palais attenant, au début des guerres de religion, la cathédrale évite de disparaître en conservant son campanile, « amputé de deux étages », sert alors de tour de guet.
La reconstruction de la cathédrale, au 17e s
« Prévue pour 3 ans », la reconstruction s’étendra sur plus de 20 ans, de 1642 à 1663, dépassant le budget alloué. Elle devint alors, avec son vaste chœur, son trône épiscopal s’élevant jusqu’à la naissance des voûtes… « la plus belle cathédrale du Midi, selon l’évêque Poncet de la Rivière »*. Le palais épiscopal, quant à lui, sera reconstruit dès 1671.
A l’époque de la révocation de l’édit de Nantes, l’église se trouva trop petite pour recevoir les nouveaux convertis. Pour augmenter le nombre de places, un chanoine fit construire, à ses frais, des tribunes entre les arcades de l’église,… ornées d’écussons des évêques*
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Pour ce qui est des galeries intermédiaires de la cathédrale, elles devaient accueillir les Nouveaux Catholiques après la Révocation de l’Edit de Nantes et furent construites à la fin du 17e s.
Monseigneur Poncet de la Rivière, nommé évêque à Uzès en 1677, avait autrefois été conseiller du roi, docteur de Sorbonne… et officier de cavalerie* |
Devenue église paroissiale au début du 19e s, le siège épiscopal ayant été supprimé, le chœur, dont les stalles étaient alors occupées par les 24 chanoines, est alors transformé et réduit (les traces de l’ancien chœur sont encore visibles sur le pavement de la nef).
Encadrant l’autel, deux statues dorées domine l’assistance. Elles représentent « Saint Ferréol et Saint Firmin (l’oncle et le neveu selon la tradition), les deux grands évêques d’Uzès, au 4e s ».
Saint Ferréol ? Il est à l’origine de la « règle monastique composée pour l’abbaye d’hommes qu’il avait fondée dans la ville, au quartier Saint Ferréol ». « Plus tard transformé en citadelle, elle fut démolie par ordre de Louis XIII »*
« L'abbé Pelissier eut la triste idée de reconstruire la façade - dont la nudité et l'abandon dans lesquels elle se trouve, semblent faire injure à la majesté du culte. - Il demanda deux dessins à l'architecte de la ville. Celui de 1840 était gothique... Un sursaut de bon sens fit échouer le projet. En 1867, l'architecte Bègue fournit un autre projet, roman cette fois »***
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« Le maître-autel en marbre (1827) est quant à lui une copie de celui de l’église Saint-Pierre d’Avignon, alors que la table de communion fut offerte par un habitant d’Uzès, Paul Foussat, en 1891 ». Elle remplace l’ancienne cuve baptismale, que l'on peut voir aujourd'hui dans un des bas-côtés de la cathédrale.
La façade de style néo-roman qui depuis 1873 précède Saint-Théodorit est l'œuvre de l'architecte de la ville, Bègue, « en hommage à la Fenestrelle »*** : « sur le tympan, au-dessus du portail, les statues des deux évêques d’Uzès, Saint Firmin et Saint Ferréol, devant la vierge présentant l’Enfant Jésus. De chaque côté du portail, les statues de Saint-Pierre et de Saint-Paul, œuvres des frères Delorme*, d’Uzès.
A savoir : Un des éléments les plus récents de la cathédrale est la mosaïque du chœur, qui date de 1936.
Les peintures et tableaux de Saint Théodorit
Les peintures de la chapelle Saint-Joseph, « reprises au 19e s, sont de la famille Subleyras. Le père, Matthieu Subleyras était très demandé dans la région pour dessiner les armoiries, les enseignes et décorer les intérieurs des maisons nobles ». Son fils, Pierre, travailla « un temps à Uzès avant de partir en 1728 à Rome, où il est enterré ».
Notons la Descente de croix (1824), de Jean-Louis César Lair, spécialiste de la peinture religieuse, élève de Jean-Louis David, a été offerte par le roi Louis XVIII, la Résurrection du Christ (1550) et la Résurrection de Lazare (1556) de Simon de Châlons, des toiles « léguées à la paroisse par un prêtre d’Uzès, Chambon de la Tour*, en partance partant comme missionnaire en Louisiane, en 1810 » (à lire notre article Zoom sur deux tableaux majeurs de la cathédrale Saint-Théodorit).
« Les vitraux de la cathédrale ont été peints par Frédéric Martin, peintre-verrier à Avignon»**, sur des cartons de J.M. Melchior Doze, tous deux natifs d'Uzès***
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Les vitraux
Sainte Thérèse d’Avila, « réformatrice de l’ordre du Carmel au 16e s », rappelle le monastère des Carmélites, établi à Uzès depuis 1870, avenue Louis Alteirac. Quant à Saint Jacques, il évoque la tradition que les fils aînés de la famille ducale doivent être prénommés Jacques ou Charles.
Les orgues de Saint Théodorit
Elles furent installées par le père capucin Castie. « Richement sculptées par l’ébéniste Biscarat de Pont-Saint-Esprit, dorées en 1685 par le peintre Rouveyre de Montpellier », les orgues furent restaurées en 1964. Composées de 44 jeux, 2 772 tuyaux, les orgues au buffet doré et aux volets peints qui peuvent se rabattre aux temps liturgiques en font un modèle unique en France.
Les stèles funéraires, mausolées et reliquaire
La cathédrale Saint-Théodorit abrite le mausolée de Monseigneur Baüyn, évêque de 1737 à 1779, et qui a fait construire l’église Saint Etienne et l’ancien hôpital d’Uzès.
A savoir : Le nouveau presbytère, bénit en 1867, s’est installé à l’emplacement de l’ancien cimetière des chanoines, et de l’ancienne maison dite de l’ancien sonneur, bâtie au pied du clocher, démolie au moment de la construction*. Les « stèles funéraire de Mgr Baün et de 24 chanoines du chapitre cathédral », étaient auparavant dans le jardin du chapitre (le jardin du presbytère actuel), « avant le transfert de la dépouille de Mgr Baün dans la cathédrale, au 19e s ».
Saint Firmin, mort à 37 ans, fut inhumé à l’église Saint-Baudile, dans la quartier de la Périne, disparue lors des guerres de religion. Les dépouilles du Saint, qui avaient un temps disparu, furent retrouvées et déplacées à Montpellier au 15e s, à la demande du cardinal Saint-Eustache*
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Les reliques de Saint Firmin, retrouvées à Montpellier lors de la construction d’un immeuble après la Révolution, reviennent en partie à Uzès, en 1873, à la demande de l’archiprêtre d’Uzès.
La Tour Fénestrelle
Classée aux Monuments Historiques depuis 1862, élevée sur une base carrée, la tour Fénestrelle, qui accueille le clocher de la cathédrale et ses 3 cloches, est un des symboles de la cité ducale.
Lionel d’Albiousse relate dans son Histoire d’Uzès des « fouilles archéologiques auxquelles il aurait participé, comme membre de la Société française d’Archéologie. Celles-ci lui auraient permis de constater que le clocher était » (à l’origine) « rond de sa base à son sommet et que le soubassement carré n’avait été construit que pour diminuer le mauvais effet d’un contrefort sur une tour ronde ».
Pourquoi Saint Théodorit ?
La cathédrale se construit à l’époque de la Première Croisade, où « plusieurs seigneurs de l’Uzège y accompagnent Raymond de Saint-Gilles, leur suzerain. Il est probable que l’un deux ait rapporté d’Orient des reliques du martyr » Saint Théodorit, qui seront enchâssées dans le maître-autel du sanctuaire.
Remerciement à Frédéric Bastidon, archiprêtre d'Uzès, curé des paroisses de l'Uzège, pour sa collaboration à cet article et pour la documentation transmise, Livret Cathédrale Saint-Théodorit, église Saint-Etienne
*Histoire de la ville d’Uzès, Lionel d’Albiousse, ** Histoire d'Uzès et de son environnement, Gustave Téraube, *** Abécédaire d'Uzès, Martine Peyroche d'Arnaud