Saint-Victor-des-Oules, un village gardois
UK - Seriez-vous partants pour une visite guidée du village de Saint-Victor-des-Oules ? Et bien nous oui !
La rédaction vous entraîne donc dans une balade au cœur d'un petit village gardois au charme fou.
Le nom du village fait référence à un prieuré consacré au martyr marseillais Saint-Victor et au hameau producteur d’oules.
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VISITE
Protégé par son église Saint-Victor, le village possède un patrimoine architectural intéressant, rappelant parfois que le site abritait autrefois plusieurs briqueteries.
UN PEU D'HISTOIRE
Si le Sancti Victor de Orlis n’apparaît dans les écrits que depuis le 12e, à l’époque où l’activité potière (entre briques et cruches – dourques, à destination de Nîmes, Avignon ou Marseille) est à son apogée, le site est cependant riche d’un passé allant de « la préhistoire au paléolithique, les plus anciennes traces humaines connues à Saint-Victor remontant aux Moustériens » (une industrie lithique de la Préhistoire appartenant au Paléolithique moyen) comme le rappelle l’exposition présente à la mairie.
La statue-menhir à Saint-Victor-des-Oules : « Dans le Gard, les statues-menhirs ont subi diverses transformations... qui montrent que les populations locales se sont intéressées à elles »... Parmi la trentaine retrouvées autour d'Uzès, « la statue-menhir de Saint-Victor-des-Oules (que nous pouvons admirer au Musée d'histoire naturelle et de préhistoire de Nîmes) a quant à elle été christianisée » (Persée.fr). Nous pouvons aujourd'hui l'admirer au Musée d'histoire naturelle et de préhistoire de Nîmes, où elle est exposée.
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«... Dans les années 70, un chercheur du CNRS, Jacques Thiriot, repéra un grand nombre de vestiges de fours de potiers du 12e et 13e s enterrés, entre le ruisseau des Combes (ou Dourquier) et les hauteurs dominant le vallon des Combes, en suivant l'enquête menée au 19e s par le géologue Emilien Dumas... L'ancien nom donné à cet endroit était les Ouillères » (Potiers et mineurs de terre, Histoire d'un village : Saint-Victor-des-Oules, Albert Ratz, 20012)
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A l'époque des rois francs, « l’Uzège est confié aux évêques du duché d'Uzès qui décident, petit à petit, de laisser le territoire aux seigneurs locaux ».
Le village de Saint-Victor-des-Oules s’étend alors au pied du castellas, tour disparue au siècle dernier, et ne commence à se développer qu' « après la guerre de Cent ans (1337/1463) autour de l'ancienne église ».
La production de poterie évolue aussi et, à partir du « 15e et du 16e s des glaçures aux teintes verte, brune, jaune » apparaissent, comme on peut le voir au musée Borias, à Uzès.
Pour ce qui est du château, sa construction remonte au 16e s et à la famille De Vaulx. Vendu à la fin du 17e s à la famille protestante des Perrotat d’Uzès, celle-ci l'agrandit sur l'emplacement de l'église d'origine romane. Il est racheté en 1709 par la famille d’André, de petite noblesse, qui donnera plusieurs maires au village et ouvrira la toute première briqueterie du village.
« Les travaux de la nouvelle église, utilisant les matériaux provenant de la démolition du premier lieu de culte, durent presque six ans, le cimetière migrant en même temps dans un espace quelque peu exigu... La nouvelle église est consacrée le 17 mars 1686 et bénie par le vicaire de la cathédrale d'Uzès » Lorsqu'on pénètre dans la nouvelle église, se trouve à gauche le bénitier offert par la famille Pascal en 1900 et, plus loin dans la nef, à l'entrée du chœur, une statue dorée... Ce personnage n'est autre que Saint-Victor, affublé de l'uniforme des officiers de la légion romaine, brandissant la palme du martyre...» (Potiers et Miniers, Albert Ratz, Histoire d'un village de l'Uzège : Saint-Victor-des-Oules, 2002)
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A partir 1876, le château change à plusieurs reprises de propriétaires avant d’être acquis par Léonce Pascal, ancien directeur du Bon Marché, dont on voit encore les chiffres, L et P, ornant « les linteaux des nouvelles ouvertures du château ».
Maire de Saint-Victor de 1892 à 1896, maire d’Uzès de 1896 à 1908, député du Gard de 1898 à 1902, Léonce Pascal apporte sa touche toute personnelle à la physionomie du château, lui offrant un vaste parc aux essences parfois exotiques : « A l'ancienne façade à colonnes toscanes, balustres à double poire et corniche à gargouilles, fut ajoutée une aile occidentale en moellons bruns et pilastres corinthiens, rehaussée d'un bandeau de tuiles vernissées dans l'esprit de la Belle Epoque. A l'Est, une tour carrée massive fut surmontée d'un garde-fou épais à motifs géométriques et de pyramidions aux quatre coins... »
Il œuvre aussi pour le village en faisant construire en 1902 la tour de l’horloge, en lieu et place du cimetière du village qui avait été déplacé à l’extérieur du village en 1872, en bas du chemin de l'oratoire.
Saint-Victor-des-Oules, c’est aussi un magnifique lavoir, en contrebas du château, de l’autre côté de la route, dont la toiture fut rénovée en 1913 grâce à l'aide de Madame Cécile Pascal.
<- Le blason de Saint-Victor-des-Oules D'hermine au pal losangé d'or et de sable Le saviez-vous ? Du sommet de la colline voisine, emplacement d’un ancien oppidum celtique (du Ve au Ie s av J.-C), la Madone de Montaigu protège le village. « Au début du 20e s, la limousine des Pascal est la toute première voiture à monter au village par la route d'accès ouverte à travers le parc du château ». (Potiers et Miniers, Albert Ratz, Histoire d'un village de l'Uzège : Saint-Victor-des-Oules, 2002)
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LA RENAISSANCE DE SAINT-VICTOR-DES-OULES
L’activité minière s’essoufflant au fil du temps, elle finit par disparaître en 1965 laissant peu à peu place à l’exploitation « des carrières de grès-quartzites, indispensables aux aciers spéciaux du Rhône », tirant ainsi profit d'un sous-sol riche en argile réfractaire (ola en latin signifie marmite).
Aujourd’hui, le village accueille les visiteurs dans le calme de ses petites rues endormies, comme la rue des escaliers où l’on aperçoit la Maison des artistes, la rue de la mairie, la traverse de Saint-Quentin, les chemins des cabres mortes, des jardins ou encore de l’oratoire…
Il y a aussi le Jardin des Oules, 12e Jardins remarquables de la région Languedoc-Roussillon, à l’entrée du village. Sur 2 ha, on peut y admirer en été une exposition à ciel ouvert de 20 sculptures, parcourir son « labyrinthe planté de 1 200 oliviers pyramidaux encadré par une collection de bambous », flâner du côté des 2 grottes artificielles ou de ses bassins, surplombés par des platanes, marronniers, érables, tilleuls, chênes rouges d’Amérique, accompagnés d’essences plus rares, aux « floraisons échelonnées (Paulownia Imperialis, Catalpa Bignonioides, Tulipier de Virginie, Magnolias,Hydrangeas, Céanothes, Viburnums, Rosiers Chinensis)… s’inspirant de l’esprit de collection que l’on trouvait au XIX° siècle » … ou bien encore assister aux beaux jours, dans son « théâtre de verdure » à de nombreux spectacles et manifestations artistiques et culturelles.
Le saviez-vous ? Saint-Victor-des-Oules est également la patrie de plusieurs artistes, comme les peintres Ruth Wechlin et Blandine Saint-Oyant, la céramiste Anne-Marie Wolters, les mosaïstes Carol Graf et Anne Deparis. Le village se veut tant une terre de mémoire que de culture.
A vous désormais de vous y promener !
Vifs remerciements à Stéphanie et Anne pour leur visite guidée, à la Mairie de Saint-Victor-des-Oules pour la documentation transmise.
Sources : Site de la Mairie de Saint-Victor-des-Oules, Livre Potiers et mineurs de terre, Histoire d'un village de l'Uzège : Saint-Victor-des-Oules (Gard) d'Albert Ratz, aux éditions La Mirandole, 2002.
A propos d'Albert Ratz : Professeur d'Histoire/Géographie, correspondant local du Service régional de l'Archéologie, membre fondateur de Histoire et Civilisation de l'Uzège, étaye son travail sur les fouilles, les archives, les témoignages des anciens, et sur les observations quotidiennes (Potiers et Miniers, Albert Ratz, Histoire d'un village de l'Uzège : Saint-Victor-des-Oules, 2002).