Quentin Le Cléac’h, distilleur à Saint-Quentin-la-Poterie
UK - Installée à Saint-Quentin-la-Poterie, la distillerie de Quentin Le Cléac’h est un endroit fascinant.
Histoire de la distillerie
De recherches en formations en distillation d’alcool près de Cognac et d’huiles essentielles à Nyons, Quentin apprend aussi toutes les ficelles du métier auprès du distillateur Matthieu Frécon, assisté de son célèbre livre L'alambic - L'art de la distillation - Alcools, Parfums, Médecines.
Reprenant une distillerie en 2013 à Autignac, près de Faugères (Hérault), avec un associé formé quant à lui auprès de Luc Boechat, distillateur à Saint-Ambroix, Quentin a la chance de succéder à Matthieu Frécon en 2014.
Après avoir partagé les alambics et le stock d'alcool avec son ex-associé, Quentin choisit de s'installer à Saint-Quentin-la-Poterie en 2017, pour se lancer en solo.
Spécialisée dans la fabrication de spiritueux, la micro-distillerie de Quentin fait partie des 35 distilleries artisanales réparties un peu partout en France et regroupées dans la jeune association Alambic, Syndicat des distillateurs indépendants, et son carnet de commande est plein.
Le saviez-vous ? Un distilleur conçoit principalement des eaux-de-vie
Un bouilleur ambulant est le distillateur qui possède l'alambic, le bouilleur de cru est son client, agriculteur, vigneron, récoltant des fruits, qui fait faire l'alcool pour sa consommation personnelle
Création et production
Quentin nous commente que « la fabrication commence par la fermentation, action des levures qui transforment les sucres, présents dans les fruits, en alcool (on obtient ainsi du vin avec du raisin, du cidre avec des pommes...), une étape que je délègue à un autre professionnel, Je ne travaille en effet que des jus déjà fermentés ».
Avec l’aide inconditionnel de son alambic centenaire, Quentin s'attache à la distillation, qui permet de concentrer l'alcool. « Après une première distillation de vin, on arrive à 30/35 º. C'est au cours de la seconde distillation que l'on monte à 70 º » précise Quentin. « On doit alors enlever les premiers alcools (dit de tête), car toxiques, à l'odeur caractéristique de vernis à ongle (ces alcools font plus de 80 º).
On garde alors ce qu'on appelle « le cœur » - autour de 70 º, puis on arrête la distillation à moins de 60 %, car l'alcool devient gras et écœurant (ce sont les alcools dit de queue).
Le côté qualitatif de mon travail vient du fait que je ne regarde pas les degrés réels et que je fais toujours confiance à mon goût et à mon odorat ».
Au final, naît un alcool au goût bien particulier, un spiritueux sans arôme entêtant, aux alentours de 40 º (18 º pour UZES), prêt pour la dégustation.
Avec une base naturelle de vin sans sulfite ou produit chimique (qui ne vont ainsi pas se retrouver dans l’alcool), l’eau-de-vie de vin vieillit en fûts de chêne (ayant auparavant servis a la maturation de cognac) entre 2 à 6 ans, avant la phase d’embouteillage.
Pour une commande d'une nouvelle recette de gin,
Quentin utilise un petit alambic pour faire des essais (2 ou 3 au total)
Les marques de Quentin : séance dégustation !
Pastiche Saint-Qent&in (45 º), où la macération de plantes anisées et de garrigue donne une eau-de-vie de vin bio : badiane, anis vert, réglisse mais aussi, cueillies de ci de là, fenouil, mélisse, absinthe, thym, origan, hélichryse, hysope… Sans anéthol (appelé aussi huile d'anis) qui trouble la boisson anisée provençale bien connue, le Pastiche Saint-Quent&in garde sa belle couleur ensoleillée, claire et ses accents propres du sud. A déguster dilué ou... pas.
Art de la Joie (40 º) : Là, c’est la verveine et les aiguilles de pin dans l’eau-de-vie de vin qui jouent avec le palais du dégustateur. Un alcool sans sucre, à déguster bien frais, Art de la Joie se présente dans une belle bouteille longue et fine. L’étiquette aux couleurs pastel ? On la doit à Monsieur Le Cléac’h père, peintre gardois. L’Art de la Joie ? Un nom qui évoque le livre posthume de la romancière, comédienne et professeur d’art dramatique italienne Goliard Sapienza.
Camarade Soleil (43 º), est quant à lui une eau-de-vie de vin réalisée selon la méthode de solera et élevée en fût de chêne, comme le cognac. Sa couleur ambrée rappelle les soirs d’été et sa bouteille, un bon scotch. Amateur de poésie, Quentin, poète dans l'âme, s’est remémoré les vers du Temps perdu de Prévert pour ce Camarade Soleil, et qui sait aussi cet autre extrait « le soleil tout rouge tout rond souriant dans son ciel » qui rappelle la couleur mordorée de cet alcool.
Que chaque jour soit dimanche : Une eau-de-vie de marc de raisin gardois, et plus précisément de Saint-Quentin, avec la collaboration du vigneron Valentin Vallès, pour un alcool de 43 º qui passe une bonne année au repos avant d’être mis en bouteille. L’étiquette, des oiseaux très Art Déco virevoltant entre le jaune et le noir met en valeur l’alcool clair de ce dimanche pas comme les autres.
Jeune et vrillé, un gin ? Pas tout à fait, plutôt un gin revisité, d’où le jeu de mots espiègle faisant référence tant au spiritueux qu'à sa jolie bouteille torsadée. Ses notes gardoises et l’alcool d’eau de vie de vin comme base offrent au genévrier caractéristique de cette boisson (43 º) l’opportunité de s’unir pour le meilleur avec les notes aromatiques diffusées par le thym et le romarin.
UZES : Dans sa bouteille élancée, UZES se dévoile derrière une étiquette au jaune vif et au noir profond. Eau-de-vie de vin et petite centaurée notamment, mais où toutes les plantes prouvent leur utilité, un accord parfait et léger (18 º seulement) où la touche subtile de sucre « compense l’amertume » un temps attendu… Pour cette boisson délicate et raffinée, Quentin précise que le Jardin médiéval d’Uzès a été mis à contribution. Une collaboration qui présage des projets futurs, très certainement.
Des nouveaux alcools ? Un rafraîchissant gin aromatisé, citron/gingembre pour des clients vignerons,
et le Clementincello où la touche d'agrumes des clémentines s'associe aux plantes aromatiques (thym, poivre de timut, poivre de Jamaïque) et au sucre de canne. Une boisson à 18 º, tout juste mis en bouteilles... Avis aux amateurs !
Que dire de la Gervovie, commande de la Brasserie Etienne à Saint-Gervais (lire notre article), conçue avec les maîtres brasseurs, la Gervovie (43 º) est la dernière-née. Eau-de-vie de bière, elle se consomme frappée. A tester en été ! La Gervovie fait partie des prestations de service proposées par Quentin. C’est le cas également avec le Domaine de l’Oratoire à Valliguières, la Ferme du Cade à Saint-Laurent-de-Carnols ou bien Ad Vinum à Vallabrix.
Exportant à l’international, Quentin commerce avec le Japon, la Belgique, l’Angleterre, sans oublier la Suède, le Québec, la Slovénie et la Réunion.
Mais nul besoin d’aller si loin pour apprécier ces alcools. Vous retrouverez une sélection aux restaurants Villa Curti et Les insolents à Uzès, Volver à Serviers, Pebre d'Aï à Saint-Quentin, mais aussi à La tête d’ail à Saint-Hilaire d’Ozilan ou bien à l’Auberge gardoise à Vallérargues... parmi d’autres adresses.
Bon à savoir : Retrouvez aussi Quentin Le Cléac’h à Tonnerre de bio et à L’envie, artisan glacier, tout comme Au caveau de La Mère Minard, à Saint-Quentin.
La bonne adresse : Saint-Quentin-la-Poterie, @quentinbouilleur.