Visite au C.H.A.N, le Conservatoire Historique de l’Aéronavale à la caserne du 503e Régiment du Train de Nîmes

Breguet Atlantic BR 1150 ATL1 © Gilles Guillot

Les origines de l'association

Inaugurée en 1961, la base aéronavale de Nîmes accueille sa première flottille la même année, puis deux autres en 1962.

Se consacrant principalement au support militaire, les flottilles participent également à des opérations de recherche ou de sauvetage civiles. C’est par exemple de cette base que plusieurs avions partent à la recherche du navigateur Alain Colas, disparu en mer au large des Açores lors de la première Route du Rhum, ou bien du chanteur Daniel Guichard, perdu dans le désert du Ténéré en 1977, après un atterrissage d’urgence.

Si malheureusement, du fait de la restructuration des forces armées, les flottilles sont dissoutes ou transférées sur d'autres bases aéronavales dès le milieu des années 90, le terrain occupé jusque-là par la base aéronavale de Nîmes est repris en 2011 par l'Armée de terre (503e Régiment du train), la CCI de Nîmes métropole et la Sécurité civile (dont les Canadairs). La Marine Nationale confie alors à l’association C.H.A.N, « composée d'anciens marins de l'aéronautique navale et de marins du ciel » et fondée à cette occasion, deux avions militaires désarmés.

Désormais dépositaires des Breguet Atlantic Br 1150 n° 31 (retiré du service actif et positionné sur base en 1996) et Breguet Alizé Br 1050 n° 48 (positionné sur base depuis 2015 suite à un accident sur le porte-avions Clemenceau en 1994) et chargés de leur protection, les membres de l'association du C.H.A.N (dont 38 membres actifs) se relaient depuis sur le site, effectuant les différents travaux et réparations techniques nécessaires, sans compter l'entretien de la parcelle où sont parqués les avions dans le quartier El Parras, entre la route de Saint-Gilles et la piste de l'aéroport de Nîmes.

Les Breguet Atlantic et Breguet Alizé : présentation

Les Breguet Atlantic sont des patrouilleurs maritimes destinés à la lutte anti-sous-marine mis en service en 1965 et affectés pour certains à la base aéronavale de Nîmes. Construits à 115 exemplaires, les Breguet Atlantic, « avions qui se sentaient bien sur toutes les surfaces du globe » précise Marc Guittard dans un entretien accordé à Radio Aviva, ont été déclinés en 2 versions, l’ATL 1 (Atlantic 1), l’ATL 2 (Atlantique 2) et l’ATL 3.

Cette dernière version continue aujourd'hui d'être un excellent support aérien tant pour la Marine que pour l’armée de terre et les interventions civiles avec ses 16 h d’autonomie, qui lui offrent un large terrain d’action et lui permettent de participer à des missions de sauvetage en mer « à grande distance de son lieu de décollage ».

Avec ses 13 membres d’équipage, le Breguet Atlantic au fuselage bilobé caractéristique et à la longue soute parfaite pour transporter équipement ou armement bénéficiait ici, comme l’Alizé, d’une excellente piste de décollage, longue de 2 400 m, avant la fermeture de la base aéronavale de Nîmes.

Breguet Alizé BR 1050 © Sylvie Duplan

Quant aux Breguet Alizé, spécialistes de la surveillance maritime et de la lutte anti-sous-marine, ils ont été embarqués sur les porte-avions Arromanches, Clemenceau et Foch. Mis en service en 1960, construits en 89 exemplaires, les Alizés ont pris leur retraite en 2000 après 43 de bons et loyaux services.

Monoturbopropulseur aussi à l'aise au décollage qu'au catapultage depuis un porte-avions, l'Alizé avait un équipage composé de 4 personnes maximum. Avec une autonomie de 4 h 30, ses missions « ont bientôt inclus la protection et l'alerte au profit du groupe aéronaval, y compris au-dessus de la surface, la protection du porte-avions étant quasiment le but de ses dernières missions ».

Si encore « plusieurs Alizés sont encore visibles en France, un seul continue de voler, le n° 59, présenté lors de meetings aériens par l'association Alizé Marine ».

Breguet Atlantic BR 1150 ATL1 © Gilles Guillot

Les missions de l'association

Le lien avec la Marine nationale et l'aéronautique reste fort auprès des anciens militaires qui souhaitent, au travers de leur association, commémorer le rôle important qu’ont joué et continuent de jouer les flottilles dans le secteur de la défense.

Leurs interventions sur les avions sont coordonnées et les tâches sont réparties entre les différents corps de métier (mécanicien, électricien, etc) présents sur place, parfois avec l'aide d'un drône.

​​​Quelques exemples de réparations ? L'installation de nouveaux rideaux au poste de pilotage du Breguet Atlantic, le remplacement des anciennes chaussettes des manches à balai, la vérification de l’état des circuits hydrauliques ou électriques ou encore du radôme, (de radar et dôme) qui servait à la détection de radars ou des champs magnétiques, l’abri protecteur et imperméable protégeant l’antenne des intempéries et des regards ou encore veiller au bon état du grain de café, l’Arome, un « surnom qui fait référence à la similitude avec le terme Radome.

Sachant que sur l’ATL l’équipement est un ARAR 10/ARAX, l’abri est nommé dans ce cas Arome ».

La soute, qui était fermée depuis de nombreuses années a été remise en route. Une des plus belle réussites de l'équipe technique !

Visites et présentations des actions en mer ou sur terre

Les membres du CHAN accueillent (sur réservation) des visiteurs pour présenter l'histoire de la base, des avions dont ils ont la charge et les différentes activités de l'association.

« Nous assurons une présence dynamique, pédagogique, historique et attrayante tout en assurant la sécurité des visiteurs » ajoute Charles Desclos, qui encadre la visite de la rédaction d'UzEssentiel.

Le rôle de chaque avion au sein de l’armée française est expliqué, de même que leurs spécificités, la distance qu’ils pouvaient parcourir, leur rayon d’action, leur lieu d’affectation, tout comme la vie à bord. 

Breguet Alizé BR 1050 © Gilles Guillot

De plus, les membres du C.H.A.N présentent aussi leur travail visant à conserver les appareils et leurs équipements dans le meilleur état possible. « Même si le but n'est évidemment pas de les faire voler, l'état technique est à surveiller tout comme l'éclairage, impératif pour pouvoir accueillir les visites et les équipes du C.H.A.N, qui étaient tous, à l'origine, anciens de la Base aéronautique de Nîmes ».

Les visiteurs partent ainsi à la découverte des avions et ceux qui le souhaitent peuvent ainsi monter à bord. Une aventure 100 % immersive et passionnante.

Les Marins du Ciel, encore et toujours nostalgiques « du temps passé sur ces avions » espèrent transmettre leur passion à de nouvelles générations de membres au C.HA.N. L'association est en effet ouverte à toute nouvelle candidature pour aider à la préservation de la mémoire aéronavale française. Bon à savoir !

Vifs remerciements à Charles Desclos, membre du C.H.A.N, pour son accueil et la visite guidée des avions, Marc Guittard, président du C.H.A.N et Pierre Lipinski, vice-Président.

Remerciements également à Sylvie Duplan et Gilles Guillot, du club Photochouet d'Uzès, pour leur collaboration à cet article.

*Marc Guittard, interview Radio Aviva.

La bonne adresse : C.H.A.N, caserne du 503rd Régiment Train de Nîmes, Route de Saint-Gilles, 30128 Garons. Retrouvez l’association sur Facebook.

Réservation des visites en contactant le président de l'association par @ : president@chan-nimes.org,via le site du C.H.A.N en appelant au 07 77 20 03 93. 

A savoir : L'association C.H.A.N est membre de l'association Les Marins du Ciel.