Zoom sur l'éducation avec Perrine Vuche (2ième partie)

Vous avez créé plusieurs approches dans l’éducation canine, comme par exemple L’éducation et le comportement autour de l’arrivée d’un bébé dans la famille, un événement qui peut se révéler perturbant pour les animaux, La rééducation (suite à une maladie, un accident), Le mantrailing & nosework (pour les particuliers et les brigades de recherches… Pouvez-vous nous les présenter ?

En 2016, une famille avait adopté un chien dans le refuge avec lequel je collaborais. Ce couple attendait un heureux événement et l’arrivée de bébé ne s’est pas déroulée comme ils croyaient, Ils songèrent même à le ramener au refuge durant cette période de vulnérabilité. A l’époque, rien n’existait en France sur ce sujet, on en parlait peu voire pas. J’ai découvert le programme « Family Paw Parent Education » aux Etats-Unis et suivi les 18 semaines de cours pour obtenir la certification nécessaire pour suivre les familles et préparer le chien à la vie d’après, avec bébé. Nous sommes à ce jour 2 certifiées en France.

Un chien qui aboie beaucoup n’est pas forcément vu comme un problème … mais avec un bébé. cela peut en devenir un, de même pour un chien qui saute, mordille, détruit, tire en laisse... On tolère parfois certaines choses à un moment de la vie, moins à d’autres.

Pour le mantrailing et nosework, cela fut une révélation en 2017 après avoir testé presque toutes les activités canines, sans vraiment trouver celle qui me faisait vibrer. Je ne peux enseigner que ce qui m’inspire profondément, cela fait partie de ma personnalité. Depuis cette découverte, je me forme régulièrement afin de proposer le plus haut niveau de qualité possible à ma clientèle.

Pour expliquer brièvement, le mantrailing est la recherche de personnes égarées. Nous sommes ici sur de la recherche d'humain à proprement parler. Nous pouvons ainsi être amenés à travailler dans la campagne, en milieu urbain ou suburbain.

Quant au nosework c’est la détection d’odeur cible. Le chien apprend « marquer » (signaler) une odeur précédemment apprise. Concrètement, c’est ce qui se passe par exemple lors de la recherche de drogue ou d'explosif .

C'est deux disciplines aux origines avant tout utilitaires peuvent se décliner en activité ludique. Outre le fait que ces disciplines sont passionnantes à observer et vivre avec son chien, elles sont aussi particulièrement intéressantes sur le plan psychologique et relationnel. Elle développe la confiance en soi de l’animal et la confiance que l’on peut avoir en lui. Elles sont réciproquement très intéressantes pour les chiens ayant un haut niveau d’énergie : 20 minutes de recherches olfactives équivalent à 1 heure de dépense physique. 

Les chiens rencontrant des difficultés à contrôler leurs émotions au quotidien ont également tout à gagner car le nosework améliore le contrôle de l’impulsion ainsi que la concentration. Pouvant être pratiquée par tous les chiens, à tous les âges, je n’y vois personnellement que des bénéfices !

Quel a été votre plus beau défi au cours de votre carrière ?

Il y en a eu tellement en 16 ans ! Je pense cependant que c'est l’écriture de mon ouvrage Un chien dans la Famille que nous avons finalisé durant la pandémie avec ma consœur Eloïse Desmaris. Cette période où le monde était en pause nous a permis de donner naissance à ce livre dont nous avions tant rêvé toutes les deux.

Dernière question… Un éducateur canin travaille-t-il aussi en collaboration avec les vétérinaires ? Si oui, de quelle manière ?

Oui bien entendu, notre profession est indissociable de la profession de vétérinaire, qui sont nos partenaires de choix dans de nombreuses problématiques. L’aspect médical est souvent un grand oublié dans les problématiques de comportement. Un comportement gênant peut en effet avoir pour origine une douleur, un dérèglement hormonal, une pathologie sous-jacente...

Il est fréquent que je demande de consulter un vétérinaire avant notre rencontre ou que je collabore avec des vétérinaires (comportementalistes ou pas) dans certaines prises en charge au long court. Il peut arriver qu’un chien soit médicalisé (cela représente entre 2 et 4 cas annuellement me concernant, un ratio plutôt faible). Cette pratique parfois « diabolisée » par méconnaissance par certains éducateurs canins permet pourtant à des chiens d’être en mesure d’évoluer dans des situations où, sans cela, ce serait impossible... L’issue pouvant alors être dramatique pour tout le monde.

Quand le cerveau du chien n’est pas en mesure de faire preuve d’assez de flexibilité pour apprendre un nouveau comportement, quand le stress l’inhibe au point de bloquer toute évolution, collaborer avec un vétérinaire peut être très important pour l’avenir de ce chien au sein de la famille.

Aimeriez-vous ajouter un détail ?

Mon métier est passionnant sur bien des aspects et la formation continue fait partie des indispensables pour l'exercer de la meilleure façon possible : S’intéresser aux
sciences du comportement est une nécessité. Nous n’inventons rien et nous nous appuyons toujours sur les dernières recherches.

Choisir le professionnel qui sera en mesure de nous guider dans cette jungle de propositions, pour certaines très alléchantes promettant des « miracles », relève d’un parcours parfois difficile. Mon meilleur conseil est d'étudier avec soin le parcours du professionnel, si la personne se forme en continu et fait preuve d’ouverture d’esprit. Vous augmentez de la sorte vos chances de trouver la personne qui sera en mesure de vous venir en aide avec bienveillance et respect, que cela soit envers votre animal et qu'envers vous.

Remerciements à Perrine Vuche pour sa collaboration à cet article.

La bonne adresse : The Dog’s compagnie. Tél : 06 26 95 33 60, du lundi au samedi de 9 h à 19 h. Retrouvez The Dog’s compagnie sur Instagram.